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La Vie en équilibre (instable ?)
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15 décembre 2006

Rêveuse & Utopiste ?

J'ai parlé du film An Inconvenient Truth (Une Vérité qui dérange) (dont j'ai parlé tout récemment ici) à certaines amies et l'une d'elle m'a posé une question qui m'a bien interpellée :"(...) Est-ce qu'on a le droit d'infliger à ses enfants de vivre une vie comme ça ? Sommes-nous poussés par l'instinct de survie de l'espèce pour continuer à faire des gamins alors que nous savons que la vie n'aura pas grand-chose à leur offrir? Ce sont les plus conscientes de l'environnement parmi nous qui font partie de celles qui ont le plus d'enfants. Pourquoi ? Tu parles même d'en faire un quatrième ! Tu n'as pas peur de ce que l'avenir lui réservera ? Toi justement qui es consciente de tous les dangers et qui vois que nous allons droit dans le mur...
CM se moque de moi, en disant que ma prise de conscience arrive un peu tard, ayant déjà fait trois enfants pour peupler encore un peu plus cette terre qui n'en peut déjà plus. Mais je crois bien que je vais tenir à mes enfants le même discours (...) je sais que c'est déprimant et pessimiste et tout, mais je persuadée que l'être humain ne pourra pas sauver la terre. Alors soit on trouve un autre lieu de vie, soit ça va se terminer dans quelques générations... et j'aimerais bien qu'il n'y ait personne des miens dans le lot."

Bien sûr que je me pose toutes ces questions ! En fait, je me les suis de nouveau posées après avoir vu le film d'Al Gore. Mais ma conclusion n'est pas tout a fait la même :

Oui, je pense qu'on va droit dans le mur, je pense que si on (l'humanité) continue cette course folle, il va se produire une quelconque catastrophe écologique ou sanitaire et que d'ici 2 siècles, il n'y aura peut-être plus d'humains sur cette planète et peut-être même plus de planète du tout.
Mais je suis humaine et je possède donc ce travers, propre à notre espèce qui est, non pas l'optimiste forcené, mais le déni. Cette faculté de ne pas vouloir croire à l'inéluctable. Le déni est également une force, il permet de se cramponner à toutes forces même si on sait au fond de soi qu'on est foutu. Regardez certains cancéreux, c'est le déni qui les fait tenir et parfois, se produit le miracle d'une rémission. Peut-être aurons-nous droit à un miracle...

Par ailleurs oui, l'être humain est vil, égoïste, mauvais. Comme je lisais dans un livre récemment : l'homme n'est pas "un loup pour l'homme". Un loup ne "génocide" pas les membres de son espèce. L'homme est un homme pour l'homme.
MAIS l'homme a une capacité que n'ont pas les autres, il est capable de compassion et de bonté réfléchie. L'aide humanitaire (qui porte bien son nom pour le coup) n'existe pas chez les autres espèces.

Nous sommes une espèce pleine de contradictions.

C'est la raison pour laquelle j'espère très fort que nous ne sommes pas voués à l'extinction. Mais il faut reconnaître que l'espèce humaine est en voie de prolifération depuis 10 000 ans, depuis que nous nous sommes façonné un écosystème favorable.
En 1945, la Terre comptait un peu moins de 4 milliards d'humains. Aujourd'hui, nous sommes 6 milliards et demi. En 2025, nous serons 8 milliards.
En l'espace de 80 ans, la population du Globe aura doublé. En l'espace d'une vie humaine nous aurons doublé un chiffre qui s'était façonné en 4 millions d'années !
La Terre a-t-elle les ressources pour nourrir autant d’humains ? Il semblerait que c’est encore possible, à condition de modifier RADICALEMENT notre mode de vie et d’alimentation (Savez vous combien d’humains on pourrait nourrir avec les centaines de kilos de céréales nécessaires pour un simple bœuf ? Le rendement est de 1 pour 16.
Sur une même surface, on peut produire 25 kg de protéines de boeuf ou 500 kg de protéines de soja. La même superficie peut produire 250 kg de boeuf ou 40000 kg de pommes de terre).

Ce qui me fait penser que tout n’est pas perdu, c’est une espèce de philosophie personnelle que j’ai développée après les formations en physiologie que j’ai pu suivre ces dernière années.
Je pense que l’homme est agressif, égoïste et mauvais parce que de tous temps, il en allait de sa propre survie, il fallait qu’il se comporte de cette façon pour pouvoir survivre et procréer. Il lui fallait absolument maîtriser son environnement pour en écarter tout danger. Donc il lui fallait être le plus fort, le plus agressif, le plus méchant, le plus tueur. Tuer ou être tué.
Pour ce faire, de tous temps, toutes les civilisations humaines ont « endurci » leurs membres et ce dès la naissance.
TOUTES les sociétés humaines ont perturbé le processus de la naissance parfois de façon évidente et brutale (à Sparte, on endurcissait les bébés et les enfants de façons délibérée et brutale afin d’en faire des guerriers. On commençait par jeter les bébés par terre et on élevait ceux qui survivaient) mais le plus souvent de façon non brutale mais non moins délibérée (interdiction de donner le colostrum, interdiction de nourrir l’enfant durant les 3 premiers jours -de l'eau et du sucre ou du beurre ou rien-, perturbation du proto-regard, interdiction sans certaines sociétés que la mère tienne son enfant dans ses bras durant 3 jours, interdiction de croiser le regard du bébé durant x temps « pour ne pas que le diable s’empare de son âme » et autres rituels, tels que baptême immédiat dans l'eau froide, l'emmaillotage serré immédiat…)
On retrouve ce genre de rituels perturbateurs partout, dans toutes les sociétés humaines, sur tous les continents.
Pourquoi ?
D’après Michel Odent : Si l'on a fait ça partout c'est qu'il y avait des avantages sur la survie du groupe humain. Il y avait des cultures exceptionnelles, très très rares, en Afrique ou en Amazonie, où l'on ne perturbait pas du tout la physiologie de l'accouchement. Les femmes pouvaient accoucher sans intervention de la société en quelque sorte. Ces rares sociétés, qui ont disparu maintenant, avaient quelque chose en commun. Il y avait une stratégie pour survivre qui était l'opposée de la stratégie habituelle: pour survivre, il fallait vivre en harmonie avec l'écosystème; il y avait un avantage à développer le respect pour la terre-mère. Alors que dans toutes les autres sociétés, y compris la nôtre, la stratégie pour survivre a été exactement l'opposé. Les civilisations éliminaient d'autres civilisations, les groupes humains cherchaient à éliminer d'autres groupes humains, et la base de la stratégie pour survivre a été de dominer la nature, de dominer les espèces animales, de dominer le monde végétal. Cela a été un avantage de développer la capacité de détruire la vie, de modérer, de réduire, de contrôler le respect pour la terre- mère. Dans toutes les sociétés où l'on domine la nature on perturbe la relation à la mère. C'est comme si la relation à la mère et la relation à la terre-mère étaient deux aspects du même phénomène.

Je partage tout à fait son avis. L’homme a un potentiel d’amour et un potentiel d’agressivité, on peut aller plus dans un sens ou dans l'autre. Jusqu'à présent, cela a été un avantage surtout de développer le potentiel d'agressivité.
Je pense sincèrement qu’aujourd’hui, il est temps de développer le potentiel d’amour et d’harmonie car c’est uniquement celui-là qui permettra à l’homme de revenir à une existence en harmonie avec son environnement.
Jusqu’à présent, l’homo sapiens (qui n’est pas encore très sapiens) a vécu et évolué selon 3 pulsions : se*xe, territoire et hiérarchie, ou reproduction, possession, domination. Il est temps (et c’est vital) de passer à autre chose.

C’est la raison pour laquelle j'ai pris ce tournant il y a quelques années. La raison pour laquelle je pense si important de permettre aux femmes de donner naissance dans de bonnes conditions, dans la physiologie, dans le respect de leurs instincts profonds, de tâcher de les préserver de toutes perturbations, y compris les perturbations dues aux équipes médicales qui se révèlent iatrogènes le plus souvent.
Pour que ces bébés naissent dans l’harmonie et dans le respect de leur physiologie. Pour qu’ils puissent développer leur potentiel d’amour et non pas d’agressivité.

Alors non, je ne perds pas espoir parce que je vis comme ça, au quotidien, j’en parle, j’agis à mon petit niveau et je pense que concernant le réchauffement planétaire et la pollution, on a atteint et alerté un certain pourcentage de population et il me semble qu’à partir d’un certain seuil de gens sensibilisés, le but est atteint, les gens savent, ils agissent au quotidien, ils poussent leurs élus à agir et des mesures sont prises et de vrais changements se produisent.

Je pense que nos enfants reprendront ce flambeau pour le porter encore plus loin.
Parmi eux se trouvera peut-être un être exceptionnel qui trouvera une solution au problème de production d’énergie, un autre qui trouvera une solution au problème de la faim dans le monde, un autre qui saura trouver un moyen de transport rapide, fiable et non polluant (euh, la téléportation peut-être ;o) ).
L’homme a toujours su s’adapter pour survivre. S’il lui faut modifier son mode de vie, sa façon de penser, cesser d’être agressif pour la survie de l’espèce, je suis certaine qu’il le fera, qu'il sera capable de s’adapter à cette nécessité.

Alors peut-être suis-je une rêveuse, une utopiste, peut-être que c’est stupide mais je crois encore en l’être humain, je pense qu’il est possible de changer le monde pour le sauver et non, ça ne me décourage pas de faire des enfants. Si tout cela devait mal se terminer et que l’espèce humaine devait disparaître et mes enfants avec, au moins, nous aurions eu la chance de partager du temps, des années heureuses ensemble. Alors oui ça vaut la peine de faire des enfants, de les élever, même dans un monde tel que celui-ci et d'essayer de le changer justement.

Oui ça vaut la peine de vivre.

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Commentaires
K
Rhooo, merci Mema, quel compliment !<br /> <br /> Oui, cultiver le bonheur au quotidien, c'est tellement important et fondamental... et ça passe encore trop souvent au second plan.
M
Moi je crois en l'homme...certe il cumule un grand nombre de défauts, héritage de l'évolution passé, mais, je pense, ce n'est pas un hasard si le mot humanité a un double sens.<br /> Et au jour le jour, je préfère cultiver le bonheur, me remettre en question et évoluer moi même, essayer d'ouvrir les yeux aux autres...<br /> Mon bonheur passe par mes enfants. C'est ce qui me motive pour l'avenir, pour faire changer les mentalités.<br /> Leurs yeux sont remplis d'innocence, et l'avenir c'est eux...Alors même si on est déjà assez nombreux sur cette planète, je crois profondemment que ce sont nos enfants, pour peut qu'on leur apprenne à ne jamais fermer les yeux, à ne jamais renoncer, qui sont le remède au mal qui nous ronge.<br /> Et oui avec toi, la vie vaut la peine d'être vécue.
K
C'est vrai ! ;o))
C
Beaucoup de choses me viennent à te lire.<br /> D'abord merci pour cet article :) il m'a fait toucher du doigt ce que je ressens confusément depuis quelque temps : malgré tous les efforts que je peux faire pour respecter mon environnement, je sais que je fonctionne "à l'envers". C'est pour cela que je suis en tension en ce moment (les fêtes, j'adore revoir la famille et tout, mais tout ce gâchis, pfff...).<br /> Et c'est très dur de faire une croix sur ses réflexes de consommation, de revenir sur ses automatismes de fonctionnement...<br /> Sinon, comme toi je pense aussi qu'on peut le faire, cela dit je m'attends à voir de mes yeux une catastrophe écologique :(<br /> Pessimiste ? Bah non puisque j'ai un enfant et que je compte en faire d'autres. Et puis d'ailleurs si les écolos n'avaient plus d'enfants, alors l'espèce serait menacée ;p
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