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La Vie en équilibre (instable ?)
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15 septembre 2006

On ne peut pas payer les gens à tricoter !

tricot02

Je voudrais juste faire un commentaire pour souligner une phrase de la réponse de FB, sa*ge-femme, publiée sur le site du CIANE, à propos des dou*las.

Mais du coup, il faut que je remonte un peu le temps pour expliquer aux blogonautes qui ne connaissent pas les dou*las.

Extrait du site des Dou*las de France :
"La dou*la est une femme aux cotés de la femme enceinte et de ceux qui l'entourent, elle est à l'écoute de ses désirs, ses besoins et la suit dans ses choix. Elle propose un accompagnement dans la continuité, une relation de confiance, de complicité et d'intimité de femme à femme.

Pour l'association Doul*as de France, la dou*la a pour vocation d'accompagner et de soutenir la future mère et son entourage pendant la grossesse, l'accouchement et la période postnatale, grâce à son expérience et à sa formation, et cela uniquement en complément du suivi médical choisi par les parents (hôpital, clinique, sa*ge-femme libérale... ). Elle accompagne sans discrimination de race, de religion ou de préférence sexuelle. Une dou*la n'a pas de fonction médicale, elle n'est pas thérapeute."

Cette paraprofession a émergé en France depuis un peu plus de 3 ans. Aujourd'hui, il y a une petite trentaine de dou*las exerçant en France.
On en entend de plus en plus parler dans la presse. J'en connais bien certaines puisqu'on évolue dans la même sphère (moi dans le cadre de Césarine notamment)

Malheureusement, ce métier est trèèèèès mal vu de la plupart des sa*ges-femmes et des instances officielles françaises régissant les métiers de l'obstétrique en général et  le métier de sa*ge-femme en particuler.

L'Ordre national des sa*ges-femmes a diffusé un communiqué l'année dernière disant en substance que les dou*las étaient un mouvement sectaire et qu'il fallait leur interdire l'accès aux salles de naissances.
C'est ainsi qu'une de mes amies dou*la s'est retrouvée à passer des heures dans la salle d'attente d'une clinique où elle accompagnait une future maman qui était, elle, en salle de pré-travail où sa dou*la n'avait pas eu le droit de la suivre. A un moment de l'accouchement, cette maman en a eu assez, elle ne se sentait pas bien, elle avait besoin de sa dou*la et elle l'a rejointe dans le hall de la clinique au cri de "Puisqu'elle ne peut pas entrer, et bien moi, je sors !" et s'est mise à accoucher bruyamment au vu et au su de toutes les personnes qui passaient dans le hall.

Plus récemment, un article paru dans l'Express : "Des dou*las très discutées" parlait de ce métier.

"Grâce à ma dou*la, je n'ai pas été accouchée, j'ai accouché", raconte Yaël, maman épanouie d'un petit Sacha de 5 mois. Derrière de drôle de mot d'origine grecque (signifiant "esclave femme") se cache un métier qui, venu des Etats-Unis, commence à s'implanter en France.
Sortes de coachs en maternité, les dou*las prétendent assurer un "accompagnement non-médical" à la naissance, en complément du travail des sa*ges-femmes. Elle écoutent les mères, les rassurent, leur donnent des informations pratiques et les aident, dans un contexte médical souvent vécu comme anxiogène, à "trouver le plaisir naturel de donner la vie".
Bref, elles débarquent sur le marché montant du désarroi parental.
Les dou*las, qui ne sont aujourd'hui qu'une petite cinquantaine dans l'Hexagone, s'organisent. Deux associations se sont créées en 2003: les Accompagnantes à la naissance (Alna), puis, en 2006, les Dou*las de France. Mais, pour l'heure, comme l'écrit la juriste Martine Herzog-Evans, auteur des Droits des mères (l'Harmattan,2003), "le cadre juridique actuel rend impensable et impossible la pratique de dou*la. Il faut donc militer pour un statut, si l'on part du principe que les dou*las servent à quelque chose...".
Bonne question. le Conseil natiopnal de l'ordre des sa*ges-femmes (CNO*SF), lui, est parti en guerre, en décidant de boycotter les Etats Généraux de la naissance organisés en septembre par le Collectif interassociatif autour de la naissance, qui soutient les dou*las. Le suivi psychoaffectif des mères fait partie intégrante du rôle des sa*ges-femmes. Or elles se jugent trop peu nombreuses et considèrent que les maternités, après de svagues de fermetures, se transforment en "usines à bébés". de leur propre aveu, elles ont peu de temps à consacrer à leurs patientes.
Le mérite de la dou*la est d'être disponible en permanence, vanat, pendant et après l'accouchement ... à raison de 40 à 70 euros la visite, ou d'un forfait global d'environ 500 euros, non remboursés par la Sécurité Sociale.
"Comment peut-on se faire payer pour une compétence qui n'existe pas?" s'indigne Catherine Fouhlyà la tête de la Fédération nationale des associations de sa*ges-femmes. Sans aucune formation reconnue, les dou*las se mêlent d'allaitement, de gestion de la douleur, de réflexologie ... et  pourraient être taxées d'exercice illégal de la médecine, voire de non-assistance à personne en danger. " En pratique, certaines d'entre elles se déplacent au domicile des parents dès le début du travail sans être couvertes par un professionnel de santé ni même avoir conscience des risques auxquels elles s'exposent...", regrette la consultante en périnatalité Sophie Gamelin-Lavois, qui déplore, chez certaines mères, un "transfert exagéré de confiance envers la dou*la".
Pour parer à ces dérives, les associations se dotent de chartes de déontologie, organisent des collaborations avec certaines sa*ges-femmes, proposent formations et "certifications", sans aucune valeur légale. les dou*las revendiquent d'ailleurs un statut de "non-sachantes".
Nous récréons une fonction ancestrale, fondée sur une transmission de femme à femme", affirme Charlotte Fajardo, coprésidente des Dou*las de France. Métier émergent d'aide à la personne ? Non, répond Marie-Josée Keller, présidente du Cnof, une "pratique sauvage et potentiellement dangereuse". Jacqueline Lavillonnière, présidente de l'Association nationale des sa*ges-femmes libérales, y voit de son côté une "réponse inadaptée à l'inhumanité de la prise en charge des grossesses"
.
                                                             Fanny Capel"

A cet article outre la réponse du CIANE qui s'était direcement senti mis en cause, une première sa*ge-femme ET docteur en médecine a répondu.
L'Odre des sa*ges-femmes par le biais de sa présidente a également répondu à cette réponse.
Et enfin, une autre sa*ge-femme, qui pourtant n'est pas pro-dou*la, a répondu (oui je sais, ça fait un peu ping-pong), en mettant en lumière, entres autres, le fait que la profession de sa*ge-femme s'était largement technicisée et que les mères, les parents souffraient de l'absence d'accompagnement humain lors de la grossesse et de l'accouchement. Et que c'était cela, la cause de l'émergence des dou*las. "C'est ici faire procès d'intention : la dou*la ne se substituant pas au médical, mais palliant ses manques et souhaitant ancrer la naissance dans un trajet humain." écrivait-elle, résumant admirablement ce métier.

Le paragraphe qui suit est extrait de sa réponse :

"Et si nos collègues sa*ges-femmes ont ainsi basculé vers la technique, je ne suis pas sure que ce soit un libre choix : c'est ce qui se voit, s'écrit, reste… Et donc ce pourquoi on a le temps, certainement. Peut-on écrire dans un dossier : je me suis arrêtée aupres de Madame X pendant 60 minutes pour parler avec elle des questions qu'elle se pose ? Peut-on dans l'état actuel des charges de travail prendre ce temps ?"

Et c'est cet extrait qui me fait réagir.

Car il n'y a pas longtemps, je discutais avec mon père qui est directeur d'hopital depuis près de 30 ans.
(Le pôvre, il a des enfants "déviants" : mon frère pratique le shiatsu et moi, je fais de la digipuncture et je suis même allée trainer mes guêtres du côté de certaines thérapies alternatives. Mais il prend ça avec philosophie, surtout quand Frérot ou moi-même soulageons efficacement ses douleurs diverses avec nos "trucs de sorciers" ;o)) )

Bref, je discutais avec lui de ce qu'a écrit (ou dit la dernière fois que j'ai assisté à l'une de ses conférences) Michel Odent à propos du tricot et du fait que tricoter est une activité qui met le cerveau quasi en état de transe, les gestes répétitifs des doigts et des aiguilles faisant monter les sécrétions d'ocytocine et d'endorphines et baisser les secretions d'adrénaline (l'hormone du stress).

Michel Odent explique qu'il y a encore 25 ans, les sa*ges-femmes passaient des heures à tricoter auprès des parturientes, ce qui avait pour effet de les apaiser, voire de les aider à rester dans leur bulle (ma belle-mère, infirmière psychiatrique qui a longtemps fait la nuit, m'a confirmé que le fait de tricoter auprès des malades agités avait ce même effet calmant sur eux).

Et donc, je racontais cela à mon père, en lui disant que peut-être qu'augmenter le nombre de sa*ges-femmes et faire en sorte qu'il y ait une SF pour une ou deux femmes accouchantes afin qu'elles puissent se consacrer pleinement à ces mamans ferait très certainement baisser les diverses interventions obstétricales, et serait positif pour tout le monde, à commencer par l'assurance maladie (notamment quand on voit ce que coûte une césarienne au regard d'un accouchement eutocique).

Et bien sûr, je l'ai entendu s'exclamer : "Mais on ne va pas payer les gens à tricoter quand même !"

J'adore mon pôpa, mais il ne PEUT pas comprendre...
Beaucoup de gens de peuvent pas (encore) comprendre.

Ce n'est pas pour autant qu'on doit se décourager...

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Commentaires
K
De ça, je ne doute pas ! Je bave littéralement devant ton pull "taille de guêpe" ;o)
V
Et pourtant... S'il y avait une épreuve de tricot au concours d'entrée à l'école de sage-femme, j'aurai peut-être ma chance ???
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