Quand CF1 se confronte à ses angoisses

CF1 et son exposé : toute une histoire...

Mais si, rappelez-vous.
Il avait donc mis quasiment une année scolaire à non pas faire son exposé (qui lui avait pris seulement 3 heures) mais à trouver le courage de s'y atteler, et encore, parce que je l'y avais obligé.
En effet, il avait une vision très claire de l'exposé parfait qu'il souhaitait faire et comme il pensait ne pas arriver à atteindre le quart du niveau de perfection qu'il avait en tête, il se décourageait d'avance.
Après de longues discussions où je lui avais expliqué que personne ne lui demandait de faire un exposé parfait, que la perfection n'existait pas et que sa maitresse ou moi lui demandions seulement de faire de son mieux, j'avais fini par être coercitive et par l'obliger à le faire. Et finalement, je me demandais si, une fois l'exposé fini, il aurait le courage d'aller parler devant ses camarades.
Fin de l'acte I

Alors finalement, il n'a pas du tout essayé de présenter son exposé devant la classe, timidité, inhibition, trac...
Et cette année, quand son maître à dit en  septembre qu'il y aurait des exposés à faire et présenter devant la classe, mon CF1 a dit qu'il aimerait bien faire un exposé sur la vie quotidienne dans un chateau fort.
(Ahem... un peu partisan du moindre effort sur ce coup-là quand même)
Il était donc censé retravailler son exposé cette année et le présenter devant la classe.

Sauf que là... blocage complet. D'abord, il s'est trouvé des tas d'excuses, il devait le faire à deux avec un copain, puis le copain a changé d'idée laissant CF1 tout seul, ensuite il fallait le faire sur les temps libres et lui n'avait jamais de temps libres puisqu'il était trop lent, ensuite il a été en fauteuil, etc. Et puis surtout, il s'est aperçu qu'en CM1, les exposés étaient un peu plus sérieux que l'année dernière, qu'on devait présenter un truc fini et prêt à être affiché et surtout, qu'après la présentation orale devant la classe, les autres avaient le droit de critiquer.
Or s'il y a une chose qui rend CF1 malade c'est l'éventualité que les autres aient une mauvaise opinion de lui (A la différence totale de ma CF2 qui elle, s'en bat complètement. Peut-être un peu trop. Et du coup à peu d'amies). S'offrir à leur critique le rendait donc malade d'angoisse.
On en a parlé, reparlé, longuement reparlé. Mais rien à faire, il ne pouvait pas, de lui-même se confronter à ce trac.

Et par ailleurs, il en souffrait beaucoup. "Oui, tu vois, mon copain T. il en est à son troisième exposé de l'année !  Mais moi j'ai trop peur ! Je suis un nul ! Je suis un trouillard !"
Pas glop ! :o((
J'avais beau lui dire que personne ne lui demandait de faire un exposé et une présentation parfaite parce que ça n'existe pas, qu'il avait simplement à faire de son mieux, que la critique était toujours constructive quand elle était justifiée et que sinon c'était simplement de la méchanceté dont il ne fallait pas tenir compte, que j'avais confiance en lui, qu'il n'était pas nul, qu'au contraire, il était intelligent et sensible... rien à faire.

Sauf qu'est arrivé le mois de mai et il n'avait toujours pas présenté son exposé. Je sentais venir le coup qu'il allait raser les murs jusqu'à la fin de l'année et qu'il arriverait peut-être à passer entre les mailles.

Alors voilà, j'ai de nouveau sorti mon fouet de mère coercitive (hinhin) et je l'ai prévenu que ça avait assez duré. Que la vie était parfois faite de situations à affronter et qu'il se faisait une montagne de quelque chose qui n'avait rien de si terrible (et que j'étais bien placée pour le savoir puisque quand j'étais gamine, j'étais exactement comme lui et que bien que j'aie eu beaucoup de mal à me confronter à mes peurs, ça m'avait toujours beaucoup apporté de le faire).
CF1, tout en étant très angoissé à cette idée, était d'accord sur le principe. Donc je l'ai prévenu que j'allais voir son instit et que j'allais exiger qu'il présente son exposé.

Ce que j'ai fait, vendredi il y a 15 jours
Du coup, son instit lui a dit :"Lundi prochain !"
Arg ! Il n'avait donc qu'un week-end pour se préparer. Même pire : seulement le samedi puisque le dimanche, nous étions invités chez des amis et qu'il ne pourrait pas travailler.

Croyez-moi si vous voulez, mais le samedi, il a préparé son intervention, collé ses photos, découpé ses textes, etc. en à peine 3 heures. Et le lundi matin, c'est un CF1 livide d'angoisse mais gonflé à bloc que j'ai laissé à la porte de l'école, avec une dernière giclée de Rescue sous la langue.

Vous voulez savoir comment ça s'est passé ? ...

Super bien !
Aucune critique négative des autres, seulement des compliments et un éclat de rire général quand il a décrit par le menu les latrines médiévales.
Avec un 18/20 en prime ! (La note, je m'en fiche, c'est plus pour lui. En revanche, cela lui a prouvé qu'il était positif d'affronter ses peurs et que non, il n'était pas nul, ni trouillard)

Fin de l'acte II