Vous avez dit absurde ?

Alors finalement, je ne vais pas travailler cet été. Du moins pas dans le magazine où c'était prévu.
Je n'en suis pas déçue, j'avais réellement hésité à aller passer le mois de juillet entre métro et boulot, en plein cagnard au lieu de le passer dans ma chaise longue à l'ombre du cerisier.

Mais les raisons pour lesquelles je n'irai pas sont assez... particulières.
Donc je devais travailler pour le magazine Que-je-ne-citerai-pas en juillet. Ils cherchaient quelqu'un pour juillet et aout, mais je n'étais pas dispo en aout. Et l'icono*graphe en titre cherchait désespérément quelqu'un qui pourrait venir après moi assurer le bouclage d'août.

Elle ne trouvait personne et commençait à stresser très sérieusement, mais jeudi, elle a fini par trouver une jeune icono*graphe qui était disponible en juillet et aout mais qui a dit : "je viens les deux mois ou rien".
Ah, dilemme ! Personne, vraiment personne d'autre en août, ça posait vraiment un GROS problème pour l'icono en titre qui risquait de ne pas pouvoir partir en vacances. D'autant plus que le bouclage d'août va être compliqué si j'ai bien compris.
Donc elle m'a appelée en m'expliquant le problème et en me disant qu'il était possible qu'elle soit obligée de prendre l'autre personne pour juillet, qu'elle était désolée parce que comme elle s'était engagée auprès de moi, je n'avais pas cherché de pige ailleurs et que si ça se trouvait, je n'allais pas pouvoir travailler du tout cet été à cause d'elle.

Sur le coup, j'ai trouvé ça un peu fort.
M'annoncer comme ça qu'elle pensait être obligée de "céder au chantage" d'une personne disant "les deux mois ou rien", j'ai trouvé quand même ça très limite...
Je me suis même demandé si c'était vrai et qu'il n'y avait pas plutôt là-dessous une sombre histoire de salaire, du genre que moi j'étais plus chère qu'une icono débutante ou quelque chose dans ce genre.
Mais elle avait l'air réellement embêtée et surtout, quand je lui ai dit que j'avais réservé le centre de loisirs pour mes CFS et qu'il était peut-être trop tard pour l'annuler, elle m'a proposé de me rembourser la garde des enfants sur ses propres finances, j'ai bien compris que c'était vrai et qu'elle était vraiment dans la m...ouise.
Donc je lui ai juste dit que j'avais déjà connu ce genre de situation à l'époque où j'étais moi-même chef photo en presse et qu'elle fasse au mieux pour son service mais de me prévenir rapidement pour que je sache à quoi m'en tenir.

Ahem, je me suis aussi permis d'ajouter qu'à sa place, je m'interrogerais sur ce que l'attitude "les deux mois ou rien" de la part de cette remplaçante potentielle augurait comme relations professionnelles, mais qu'après tout, ce serait à elle de gérer ça...

Comme promis, elle m'a donc rappelée le lendemain pour me dire que ça s'était décanté quand elle avait vu sa rédactrice en chef et sa DA qui ont pris la décision.
Et ce n'est pas moi qui ai été retenue. L'icono*graphe officielle du magazine Que-je-ne-citerai-pas était bien ennuyée de m'expliquer tout ça et du coup, elle a fait tout ce qu'elle a pu pour me trouver une pige en juillet (je crois qu'elle n'a pas trop envie de payer de sa poche le centre de loisirs pour mes CFs non plus en fait) ce qui fait que mon CV est apparemment en train de faire le tour de toutes les rédactions parisiennes, hinhin.

Mais la raison pour laquelle ce n'est pas moi qui ai été retenue pour juillet vaut son pesant de cacahuettes.
Par rapport à l'autre icono*graphe, mon CV était plus intéressant : 13 ans d'expérience (contre à peine 2) + mes fonctions au sein de Césarine (association bien connue de ce magazine) jouaient en ma faveur, de même que le fait que je ne fasse plus que des remplacements depuis 2 ans, ce qui montre que, dixit la rédactrice en chef : "c'est un choix de vie et cela induit des qualités d'adaptation et de flexibilité sur les méthodes de travail". Ce qui faisait de moi la candidate la plus intéressante.
La DA, approuvait tout ça, mais elle s'inquiétait de son bouclage aoûtien qui s'annonce compliqué et qu'on ne peut pas confier à quelqu'un qui n'est pas rôdé.
La DA craignait de se retrouver au 1er août avec une icono non confirmée et pas hyper compétente, personne d'autre sous la main et aucun moyen de se retourner. Par conséquent, elles ont décidé de prendre l'autre icono*graphe en juillet pour la tester. Afin, pour le cas où elle ne conviendrait pas, d'avoir le temps de trouver quelqu'un d'autre pour août (à mon avis, si c'est le cas, elle ne sont pas rendues : il n'y aura pas plus de remplaçantes potentielles d'ici là que maintenant).

En clair, on a une icono confirmée disponible en juillet et une autre avec moins d'expérience pour août, mais comme il n'est pas certain que celle d'août est compétente, on va l'embaucher aussi pour juillet afin d'être sûr qu'elle ne fichera pas en l'air le bouclage d'août...

Absurde... Kafkaïen... Ubuesque... et tout ce que vous voulez...

Le pire, c'est que par moments, j'ai l'impression que c'est la société toute entière qui fonctionne comme ça.
Tiens, ça me rappelle un peu la BD de Dilbert que j'ai bien appréciée à une époque...

(N'empêche que si l'icono choisie ne convient effectivement pas et qu'on me rappelle début juillet pour que je vienne d'urgence la remplacer le temps qu'on trouve quelqu'un pour août, je serai dans ma chaise longue sous mon cerisier... et donc pas libre. Faut pas pousser non plus)

Comments

[KaMaïa]

Effectivement, nous ne sommes que des pions. Il m'est arrivé plusieurs fois ce genre de choses. L'année dernière, je me souviens d'une pige que j'ai failli faire. Failli seulement, parce que la DA avait appelé 4 ou 5 iconos pour leur proposer le même remplacement, tant elle avait peur de ne trouver personne. Pour recruter un CDI, ça me parait normal de convoquer plusieurs candidats, mais pour un remplacement de 2 semaines... C'est vraiment le signe d'un stress maximal. :o((
Parfois aussi, j'ai bénéficié de circonstances identiques, mais c'est moi qui ai eu le job.

Je ne connaissais pas cette BD blog, merci de me l'avoir fait découvrir. J'apprécie assez, même si le rire est jaune, effectivement.

[luna pat]

ce qui m'a marqué les derniers mois où j'ai travaillé (dans une grosse entreprise) c'est que nous n'étions finalement que des pions interchangeables, sans contraintes "avouables".
J'ai même entendu un DRH dire à son plus proche adjoint "je ne vous paye pas pour avoir des états d'âme"...
au fait tu connais le BD blog "Niko Shark, votre nouveau chef du personnel" ? c'est là :
http://www.zanorg.com/nicoshark/
ça me fait bien rire (un peu jaune quand même)