C'est pas encore l'heure du biberon
Les petits chevreaux commencent à naître à la ferme bio, à 2km de chez nous, là où j'achète le fromage et les oeufs.
Alors tout à l'heure, après l'école, j'ai emmené mes CFs voir les bébés chevreaux.
Je me garderai bien de juger les impératifs d'exploitation d'un élevage caprin dédié à la fabrication de fromages et soumis à des impératifs et contraintes économiques dont je n'ai aucune idée et dont je ne mesure pas l'ampleur si ce n'est qu'un bébé chevreau était vendu 140 Francs en 1988 et qu'aujourd'hui il est vendu 5 euros.
Oui oui, vous avez bien lu : 5 euros !
Je me contente juste de déplorer profondément qu'à peine nés et ayant passé à peine une heure avec leur mère, les petits chevreaux en soient séparés et élevés au biberon. "Les mères sont traites, on donne le lait au petit, on en garde une partie pour les fromages, mais on ne peut pas les laisser ensemble, car sinon, au moment de la séparation, les mères cessent d'avoir du lait." Plus de lait, plus de fromage. CQFD.
Mais pendant que mes CFs caressaient les petites têtes blanches, dont certaines étaient encore humides (deux chevreaux avaient moins de 2 heures de vie) en me suppliant "Allez maman on en achète un, c'est seulement 5 euros ! On le mettra dans le jardin !", mon coeur s'est serré en voyant l'un de ces petits essayer de téter son copain, le museau fouissant l'aine et donnant des coups de front dans les flancs d'un chevreau pas plus âgé que lui, cherchant désespérément le lait indispensable, la tétée physiologique nécessaire.
Plus tard Petit, c'est pas encore l'heure du biberon.