Internet au service de l'intendance de la maisonnée

Avant, dans ma vie antérieure (comprendre quand j'étais une superwoman : femme active, chef photo dans la presse, mère d'enfants en bas-âge, transilienne*, intendante domestique, etc.) j'ai découvert un jour le site de hou*ra.fr (faut dire qu'avec le matraquage publicitaire qu'ils ont fait quand ils ont lancé le site, ça aurait été difficile de les rater).
Et ça m'a changé la vie.

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* Transilienne est un néologisme typiquement KaMaïen. Je désigne par ce terme les personnes comme moi à cette époque, habitant en proche ou lointaine banlieue parisienne et qui vont tous les matins travailler à Paris en transports en commun en utilisant le réseau transilien, les gens qui habitent en banlieue est ou sud, et qui traversent Paris ou même l'Ile-de-France sous terre pour aller travailler en banlieue ouest ou nord, et vice-versa. Et qui passent des heures dans les transports en commun chaque jour.
Et les jours de grêve, ils vivent un peu l'enfer sous terre (surtout si ce sont des femmes à qui on ne pardonnera pas de n'être pas venues travailler malgré la grêve alors qu'elles ne savent pas à quelle heure ni même si elles pourront rentrer chez elles le soir, alors qu'elles doivent récupérer leurs enfants à la garderie, la crêche ou chez la nourrice).

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Comme ça a certainement changé la vie de pas mal de superwomen d'ailleurs.
En son temps, ma mère, elle-même superwoman au Ministère des Finances, transilienne, mère de 3 enfants, intendante domestique et toussa toussa usait déjà du même genre de services, mais sur minitel.

Le simple fait de ne pas avoir à arpenter les allées d'un supermarché en poussant un caddie lourd comme un âne mort valait bien les 9 euros de frais de livraison.
Sans compter que les techniques de marketing des supermarchés visant à me faire acheter plus que prévu sur la liste de courses fonctionnaient quand même et les sous dépensés en plus étaient supérieurs à ces fameux frais de livraison.
En achetant chez hou*ra, j'économisais donc du temps et de l'argent. Et de la fatigue. Et mon dos. Et caetera.

Je l'ai réellement constaté le jour où fraichement sortie de l'hôpital et en pleine chimio, j'ai dû accompagner CM au supermarché pour lui apprendre à faire les courses. Je me cramponnais au caddie en lui désignant les rayonnages et les produits : "Tu mets ça dans le caddie, et puis ça et puis ça. Fais-voir le prix au kilo ? Non çui-là est trop cher. Prends plutôt çui-ci. Pour ça, on prend du bio. Euh... faut que je m'asseye, là... oui, tout de suite... (et plouf, dans les pommes)"

Mais qu'est-ce qui m'avait pris d'y aller ?
C'est le genre de plan shopping foireux où m'entrainait régulièrement CM (maintenant, je me laisse moins faire. Et puis faut dire qu'on est plus loin des magasins. Et qu'en plus, nous n'avons plus les mêmes horaires puisque je ne travaille plus à l'extérieur de la maison) qui déteste faire les courses tout seul (surtout l'alimentaire, pour des CD ou du matos informatique il est beaucoup plus enthousiaste bizarrement), dont je me pense toujours capable et qui se révèle un calvaire intégral.
Il m'avait déjà fait le coup un 23 décembre de me trainer à Belle-Epine pour d'ultimes courses de noël (bain de foule assuré) alors que j'ai accouché le 14 janvier suivant.
Et de me trainer au supermarché 7 jours après ma césarienne. C'était le premier week-end des soldes et j'ai cru mourir sur place là aussi.

Qu'est-ce qui m'avait pris d'y aller ?
Et bien tout simplement, je crois, la conviction chevillée au corps qu'une bonne mère/bonne épouse/bonne ménagère intendante s'occupe elle-même du ravitaillement et de l'organisation de la maisonnée et se prélasse pas sur son canapé alors que ses petits n'ont plus rien à manger. Même si on lui a ouvert le ventre une semaine avant. Et si elle le fait, elle (je) culpabilise parce qu'elle faillit à son rôle.
J'ai beau avoir été élevée par une féministe (une féministe en douce, pas une militante) les rôles sociaux et l'inconscient collectif pèsent leur poids sur les femmes moi. Personne ne parle de la double journée des hommes alors qu'elle va de soi pour les femmes.
C'est marrant d'ailleurs parce que chez mes parents, quand ma mère ne passait pas une commande sur 3615 Allomarché, c'est mon père qui faisait les courses alimentaires, mais il allait "faire du shopping" au supermarché  (et pas du ravitaillement ou de l'intendance domestique) où il passait en général tout son samedi après-midi et où il achetait aussi des tas de choses superflues.

Donc pour résumer, du jour où j'ai découvert le site, j'ai usé de hou*ra régulièrement tant que nous avons vécu en banlieue parisienne. Toujours avec un vieux fonds de culpabilité judéo-chrétienne puisque ça me simplifiait la vie alors que j'avais bien ancré en tête le dogme que j'aurais dû m'occuper de l'intendance à la sueur de mon front.

Ici, au FarWest rural, hou*ra, y a pas.
Y a pas grand chose en fait, il faut bien le dire.
Un supermarché de taille moyenne dans chacune des 3 communes avoisinantes et dont les prix sont plus élevés que ceux des hypermarchés de la GrandeVille. Mais la GrandeVille étant à 25 km, le coût s'équivaut en regard du temps et du carburant. Evidemment CM pourrait se charger du ravitaillement puisqu'il travaille à la GrandeVille, mais je n'ai pas dû réussir à lui enseigner correctement l'art de faire les courses car il ne prend pas toujours les articles prévus et l'addition est toujours plus salée quand c'est lui qui s'en occupe.

Et puis je suis une glandeuse de mère au foyer maintenant, hein, par conséquent l'intendance repose sur moi, ce qui est logique (cela dit, elle reposait déjà sur moi avant que je ne sois une glandeuse de mère au foyer... cherchez l'erreur)

Mais ma vie a de nouveau changé récemment car j'ai découvert chrono*drive !

"Ne faites plus les courses, passez les prendre"
Voilà un slogan qui me parle !

Alors oui, je sais, la grande distribution tue le petit commerce. Mais par chez moi, il n'y a plus de petit commerce depuis longtemps, excepté le marchand de journaux (chez qui j'achète beaucoup au point qu'il m'appelle par mon prénom), la mercerie (je suis cliente), le café-tabac (désolée, je ne fume pas et je ne bois pas non plus), le vidéo-club (je suis cliente), l'opticien (qui fait les lunettes de CF3), le magasin de déco (c'est toujours chez elle que je vais quand j'ai un petit cadeau à faire et c'est aussi là que j'ai trouvé le miroir-cabane-de-plage), la boulangerie (bon là, OK, je ne suis pas cliente, mais c'est parce que je fais mon pain. En  plus, le leur est très cher), trois banques et quatre (oui oui, quatre !) agences immobilières (et là, malgré toute la bonne volonté du monde, je n'achète pas des maisons tous les jours...).
Bref, ce n'est pas à cause de moi que le petit commerce de mon FarWest a disparu, donc même si je le déplore, je ne vais pas culpabiliser non plus parce que je commande chez chrono*drive.

En clair, on passe la commande sur le site web (une filiale d'au*chan) et une heure et demie après, la commande est prête. Yapluka passer la chercher. Et last but not least, ce n'est pas loin de la biocoop ni du verger de mon amie S. où j'achète les fruits et légumes. Je groupe donc le déplacement.
Depuis, mon budget courses a même un peu diminué. Pas énormément parce que j'étais déjà relativement vigilante et que l'organisation mise en place (planifier les menus et faire la liste de courses en conséquence) (pourvu que j'arrive à continuer à m'y tenir sur le long terme !) y concourt aussi.

Et du coup, je peux même confier à CM le soin de récupérer la commande : il a juste à aller se garer au bon emplacement de parking et à ouvrir le coffre de la voiture. Ce qui me décharge d'une partie de l'intendance familiale.

En fait, je suis toujours une superwoman, alors je ne vois pas pourquoi je ne me simplifierais pas la vie. Ah mais !
Donc, pas plus tard que tout de suite, je vais passer ma commande habituelle chez Chrono*drive, je vais programmer qu'elle soit prête pour 18h, pile à l'heure à laquelle moi et mes CFs sortirons du cinéma où nous serons allés voir Wall-E.

Etre au cinéma pendant que la corvée des courses se fait toute seule... ça ressemble furieusement au monde idéal, non ?
(ou au Meilleur des mondes, ahem...)